DENISE
JAMES – It’s Not Enough To Love
Peut-on réellement
considérer cet album comme une nouveauté ? Oui, si
l’on se réfère benoitement à sa date
de publication. Non, si l’on considère que plus que
tout autre disque, It’s Not Enough To Love semble avoir été
parfaitement préservé dans un glacier 60’s avant
de nous parvenir ; ce qui ne l’empêche pas de sonner
plus frais qu’une bonne partie des groupes pop actuels. Une
arme de choix pour un blind-test… La voix de la demoiselle
ne manque pas d’interpeller tant elle assimile les caractères
des meilleures chanteuses de l’époque. Plus grave que
Margo Guryan, plus assurée que Claudine Longet, plus roots
que son alter ego April March, à vrai dire pas bien loin
de Françoise Hardy – la production foireuse de Tous
Les Garçons Et Les Filles en moins. Portée par un
écho évocateur, cerclée d’arpèges
évanescents, elle parvient à créer une atmosphère
propre à la mélancolie avec un cœur d’amertume
affleurant sous le glaçage sucré. Comme sur le parfait
Love Has Got Me Crying Again dont le refrain envoûtant pourrait
traverser la plus solide des armures. Dans le désormais culte
High Fidelity, Nick Hornby écrivait : « Les
gens les plus malheureux que je connaisse sont ceux qui aiment la
pop music par-dessus tout ; je ne sais si la pop music est
la cause de leur malheur, mais je sais qu’ils ont passé
plus de temps à écouter des chansons tristes qu’à
vivre une vie triste ». La preuve en est faite une nouvelle
fois. Partagé entre quête de la nouveauté et
passéisme plus ou moins assumé, on gardera toujours
une place de choix pour d’aussi beaux ovnis.
3,5/5
J. Davier
<<accueil
|
|
2004 ; Rainbow Quartz
www.rainbowquartz.com |
|