SACK –
Adventura Majestica
« Pour moi
l'image de l'enfer c'est un restaurant de luxe rempli de winners.
Je hais les gagnants ». Probable qu'Elliott Smith aurait apprécié
le destin des Irlandais de Sack s'il les avait connus. Rarement
placés et jamais vainqueurs malgré deux tournées
mondiales en première partie de Morrissey, qui avait déclaré
à leur sujet : « Leur chanson Laughter Lines mériterait
d'être classée n°1 pour l'éternité
». Un label par album, tous quasiment introuvables (voire
totalement dans le cas de l'excellent Butterfly Effect), dont Adventura
Majestica, le troisième et dernier en date, qui fêtait
leurs dix ans d'existence en sept chansons et trente-deux minutes.
Plus apaisé, ce disque marque les réels progrès
du groupe au niveaux des arrangements, particulièrement soignés.
Filleul des Smiths et des Beatles, il évoque parfois les
passages enfiévrés du shoegazing grâce à
des atmosphères lancinantes déjà présentes
sur leurs précédents opus. Après une tranquille
introduction cerclée de choeurs féminins, In Flight
accélère le tempo et met en avant le timbre polyvalent
(et fortement influencé par le Mancunien pré-cité)
de Martin McCann ; très plaisant, cet exercice de power pop
fait partie des réussites de l'album même s'il n'atteint
pas la beauté mélodique de Get Up, où les arpèges
ricochent doucement sur de magnifiques arrangements de cuivres.
Homogène et bien produit, Adventura Majestica s'achève
sur Tag, fierté légitime de McCann : introduction
acoustique façon T-Rex et progression crescendo qui s'achève
là encore dans une orchestration de qualité. "I've
spent this evening watching you leaving, going to places I've never
dreamt of being. Oh I'd love to understand this feeling"...
Bien qu'il manque à ce disque appliqué le côté
loufoque et théâtral de leurs concerts, Sack est à
classer en bonne position dans la catégorie « losers
méritants ».
3,5 / 5
J. Davier
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Poplane, 2002 |
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