A Silver
Mount Zion Memorial Orchestra and Tra la la Band - Born into Trouble
as the Sparks Fly Upward.
L'épopée
céleste commence avec "Sisters! Brothers! Small Boats
Of Fire Are Falling From The Sky!" et ses sons percutants,
indefinissables, faisant monter petit à petit une mélopée
de piano mélancolique; je bascule la tête; tourne en
rythme, suis cette air, bientôt accompagné de cordes
tout en finesse, avec en arrière fond, ces sons de guitare
acérés, grinçants comme une scie. Le nuage
se forme, on s'y perd, on se laisse enfermer dans ce cocon de tristesse
et de douce angoisse. Les notes résonnent comme un hymne
à la mélancolie, on ne pense plus, on se laisse porter.
Mais bientôt les notes se tordent et se coupent, s'arrètent
brutalement, laissant place à d'étranges bruits (des
couinements d'enfants ? ). C'est le début de la deuxième
pièce de cet album, "This Gentle Hearts Like Shot Bird's
Fallen". Le thème s'installe, et c'est la même
euphorie qui recommence plus courte celle là, mais aussi
belle, claire, subtile.
Les notes se fondent
et laissent place à une voix féminine, solennelle.
"Built Then Burn (Hurrah! Hurrah!)". Que dire pendant
que cette voix se mèle doucement à un orgue doux et
discret et une guitare tout en tremolo, posée, imposante?
La voix s'éteint, brusquement, laissant place aux cordes,
grandioses, lentes, tristes à pleurer, mais on se retient,
car on sent la force de ces notes grimper en nous, nous donner de
l'espoir; de l'espoir pour qui? de l'espoir pour quoi ? On le sait,
mais on ne peut l'écrire. Ces mélodies rentrent dans
la peau, crèvent le coeur, nous serrent nos veines, et on
suit cet élan irrésistible. Ici nous sommes loin de
Sonic Youth, ou de Will Oldham, ou même du mélange
des deux. On atteint un autre état.
D'un coup dans l'album
, coup de tonnerre, subitement tout se transforme, l'angoisse monte
avec "Take These Hands And Throw Them In The River" !
et pour la première fois dans l'album, du chant! mais quel
chant, comment peux t on qualifier cette voix torurée, saturée
de delay ? C'est un cri profond, une tempète sonore qui se
déclenche petit à petit, brisant le calme du morceau
précédent. Le rythme est entétant, brut et
nerveux, une crise d'angoisse. Les thèmes se mélangent
et deviennent de plus en plus violents et insupportables et se calment
comme ils sont apparus et laissent placent à la tranquilité.
Des oiseaux, un chien qui aboie... On se demande un peu ce que ça
fout là, mais ça ne choque pas.
Suit sans doute le moment fort de l'album, "Could've Moved
Mountains", plus posé, conduit par quelques notes de
guitares fébriles et la voix d'effrim, doublée et
chuchotée. La mélodie est claire, minimaliste, presque
gaie par moments (se référant à ce qui précédait
bien sur). Tout est si parfait et si naturel qu'on se rend même
pas compte de l'orchestration puissante qui monte derrière
faisant nous élever avec les notes, toujours dans la plus
profonde mélancolie, mais une mélancolie agréable,
parfaite si on peut dire, et le morceau s'éteint dans des
voix lointaines et étranges alors que résonnent déjà
les notes de piano de "Tho You Are Gone I Still Often Walk
With You" qui installe une atmosphère étouffante
où le piano domine le seul thème musical du morceau.
Et tout d'un coup c'est
l'explosion !!! "C'mon Come On (Lose An Endless Longing)".
La perfection immaculée, la puissance, la beauté incarnée
résonne ! De la batterie saturée, des cordes acérées
comme des guitares dans un thème épique et une basse
aigue lancinante, des couches de guitares... tout ça se fond
en un ensemble si parfait, bien qu'agressif qu'on ne sait même
plus quoi ressentir. Et après un break imprévu et
très noisy évaporé, la machine se relance plus
efficace et explosive que jamais et nous cloue sur place dans un
tintamarre magnifique avec en tète de la marche, des guitares
affutées dignes de Sonic Youth, clouées dans un seul
et même thème magistral.
Et l'album se cloture
avec la magnifique "The Triumph Of Our Tired Eyes", morceau
où la voix prédomine et en fait presque un morceau
pop. Comment auraient-ils pu mieux finir l'album qu'avec cette mélopée
superbe, entrainante et touchante, s'envolant dans un lyrisme envoûtant
?
L'épopée
se termine sur un chant d'enfant glauque, court et inattendu alors
qu'on est toujours abasourdi par tant de beauté, et se demande:
"mais qu'est-ce que je viens d'écouter là ? c'était
encore de la musique ? ça existait vraiment ou j'ai trop
bu ? " et on va s'endormir sans rêver, on vient déjà
de le faire pendant une heure.
4.5/5
Hadrien.
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2001 ; Constellation Records
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